Pixar, le studio d’animation qui touche les étoiles

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À l’occasion de la sortie de Monstres Academy cet été, j’ai décidé de me pencher sur le cas Pixar. Grand leader sur le marché du film d’animation américain, mais aussi international, Pixar enchaine les succès depuis 1995. En presque vingt ans, le studio a réalisé 14 longs-métrages et pas moins de 24 courts-métrages. Mais Pixar c’est aussi 22 Oscars, 4 Golden Globes, 3 Grammy Awards, et plus de 7,7 milliards de dollars de recette à travers le monde (sans compter les produits dérivés). Et pourtant, Pixar a longtemps été très loin de ce succès phénoménal. Retour sur le parcours semé d’embûches d’une société de production ultra célèbre.

Toy Story : la genèse d’un succès mondial

C’est en 1979 que la société voit le jour. Dans un premier temps baptisée « Graphics Group », elle est d’abord une entreprise de matériel informatique, plus précisément un service de la Lucasfilm Computer Division. Après le lancement d’un ordinateur, le Pixar Image Computer, et de nombreux progrès dans le domaine du graphisme sur ordinateur (et dans celui des effets spéciaux), la société est rachetée par le fondateur d’Apple, Steve Jobs, et c’est le 3 février de la même année qu’elle devient officiellement « Pixar ».

Mais pendant les années suivant ce rachat, la société n’est pas au plus haut point. Elle est même menacée de tomber en faillite. Pour sauver sa peau, elle développe son département d’animation et réalise quelques publicités en images de synthèse, qui sont un réel succès à l’époque. Mais cela n’est malheureusement pas suffisant, et Pixar continue de perdre beaucoup d’argent chaque année… Jusqu’en 1991 où elle signe un contrat de 26 millions de dollars avec Disney, dans le but de réaliser trois longs-métrages. Sorti en 1995, Toy Story est le premier film résultant de ce contrat, mais aussi le premier long-métrage du studio Pixar. Le film va engendrer plus de 360 millions de dollars de recette dans le monde. Grâce à ce succès fulgurant, Pixar remonte la pente et déménage même dans de nouveaux locaux dans la ville de Emeryville en Californie, où la société réside encore actuellement.

Il faut dire que Toy Story, même 18 ans après sa sortie en salles, est une référence incontestable quand on parle de cinéma d’animation. Le film a marqué un réel changement dans la façon de concevoir les films d’animation pour enfants. Avec Toy Story, Pixar va lancer ses propres codes de conduite ; sa réussite première étant de mettre en scène des personnages originaux, la plupart du temps plutôt déjantés et drôles, au cœur d’une aventure quelque peu incroyable, le tout en mêlant à la perfection humour et émotion. Une recette qui a toujours son petit succès aujourd’hui.

Monstres et Cie & Le Monde de Nemo : la confirmation d’une vision nouvelle

Après la réalisation de ses deux films 1001 Pattes et Toy Story 2, la suite du premier long-métrage du studio, les choses s’accélèrent pour Pixar. Suite à la rupture involontaire du contrat que la société avait entreprit avec Disney quelques années auparavant, Pixar est « contraint » de produire quatre autres films, et ce nouveau contrat exclu totalement les suites. Si les désaccords entre Steve Jobs, le président de Pixar à l’époque, et Michael Eisner, l’ancien PDG de Disney, sont très présents et multiples, la collaboration entre les deux studios ne cesse de fonctionner, et c’est en 2001 que le premier film sous les règles de ce contrat « forcé » sort au cinéma.

Avec ce nouveau long-métrage intitulé Monstres et Cie, Pixar joue la carte de l’audacité en choisissant des monstres à tentacules et à trois yeux comme personnages principaux. Si ces monstres font peur aux petits enfants dans le film, ils n’effraient pas les très jeunes spectateurs du monde entier, et très vite, Monstres et Cie rejoint Toy Story dans la case des plus gros succès de Pixar.

S’enchaine ensuite la sortie en salles du Monde de Nemo, une aventure sous-marine palpitante, drôle et touchante. Pixar conserve son lien certain avec son jeune public, tout en imposant des questions plus humaines et matures, une petite révolution qui va clairement changer la donne : les adultes ne sont plus contraints d’accompagner leurs enfants au cinéma, ils s’émerveillent avec eux. Le Monde de Nemo devient très vite une institution, si bien que le film ressortira dix ans après au cinéma (en 3D cette fois).

Ratatouille, WALL-E, Là-Haut : la consécration de la collaboration entre Disney et Pixar

En 2005, après le départ de Michael Eisner à la tête de Disney, Steve Jobs va entreprendre des négociations afin de changer les termes du précédent contrat jugés inéquitables par Pixar. Un an après, un accord est trouvé entre les deux studios : Pixar est officiellement acquis par Disney. Mais il ne s’agit pas là d’une fusion, Pixar restant une société à part entière. Disney, quant à lui, tient seulement le rôle de distributeur, et n’a plus les droits sur les suites comme c’était le cas auparavant.

Le premier film résultant de cette nouvelle acquisition sera Cars. Mais la vraie consécration de cette collaboration sera certainement Ratatouille en 2007. À partir de ce nouveau long-métrage, Disney/Pixar va connaitre quatre années très gratifiantes. En réalisant Ratatouille, un délice original et émouvant, WALL-E, une fresque sincère et engagée, et Là-Haut, une aventure extraordinaire et magnifique de précision, le studio raffle tout : box-office, récompenses… Les trois films remporteront l’Oscar du meilleur film d’animation, chose qui n’était pas arrivée depuis Les Indestructibles en 2004 (Cars n’ayant remporté « que » le Golden Globe dans la même catégorie).

C’est en 2010 que la collaboration Disney/Pixar va atteindre des sommets grâce au troisième volet de Toy Story qui est le premier film du studio à franchir le cap du milliard de dollars de recette au box-office mondial. Avec un tel succès commercial, mais aussi critique, rien ne semble arrêter Pixar !

Cars 2, Rebelle : la remise en question

Malgré tout, les deux dernières années ont été plutôt difficiles pour le studio d’animation. Si le succès au box-office est toujours au rendez-vous, on se pose beaucoup de questions quant à la capacité créative du studio. En effet, en l’espace de quatre ans, Pixar a produit pas moins de trois suites. Si Toy Story 3 s’avère être l’un des meilleurs longs-métrages du studio, ce n’est aboslument pas le cas du décevant Cars 2. Quant à Monstres Academy, le prequel de Monstres et Cie, l’enthousiasme n’est pas aussi grand qu’avant, particulièrement au niveau des critiques (dans les magazines spécialisés mais aussi sur les blogs cinéma).

Entre ces trois suites, Rebelle fait une percée. Sorti l’année dernière, le film met en scène une princesse, une première pour le studio Pixar. Un tantinet plus sombre, mais aussi moins touchant, c’est un Pixar différent qui s’affiche, un nouveau cocktail qui va payer (le film remporte en 2013 l’Oscar, le Golden Globe et le BAFTA du meilleur film d’animation), mais qui va aussi soulever des questions sur la production de Pixar. Avec des précédents films comme Là-Haut ou Toy Story, Pixar est vite devenu une figure importante dans le monde du cinéma d’animation, et chaque nouveau film est un évènement. Si bien que le studio, en choisissant de produire des suites et des genres différents de son habitude, prend un risque important, celui de ne pas être à la hauteur de sa réputation et de l’attente des spectateurs. Aujourd’hui, le public a une confiance presque aveugle en Pixar, mais les derniers films produits par le studio tendent à se demander si ce public ne va pas commencer à y réfléchir à deux fois avant d’acheter son ticket de cinéma. Pixar a certainement besoin d’un film coup de poing, un film qui revient aux origines du studio, un film qui nous rappelle sa grandeur et qui mettra tout le monde d’accord. Ce film fera-t-il parti des futurs projets du studio que sont les alléchants The Good Dinosaur et Inside Out ? Leurs sorties sont respectivement prévues pour 2014 et 2015.

Si les désaccords avec Disney ont été nombreux pendant les premières années de son activité, Pixar a cependant su marquer l’histoire du cinéma en s’imposant comme le studio d’animation. Aujourd’hui, tout le monde connait le studio au logo à la lampe, et on a tous vu, petit ou grand, au moins un film Pixar. Malgré les quelques critiques concernant ses derniers films produits, Pixar reste un pillier du cinéma d’animation, et il est un concurrent presque inégalable en matière de box-office mais aussi en matière de chef d’œuvre.

Bientôt sur le blog : ma critique du nouveau film de Pixar, Monstres Academy.

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